Fracture de la verge

Présente dans les récits depuis plus d’un millénaire, la fracture de la verge n’a été décrite dans la littérature médicale qu’en 1924.

La verge des hommes ne comporte aucun os, toutefois, les urologues parlent de fracture de la verge pour désigner la déchirure de l’albuginée et/ou des corps caverneux de la verge en érection. Cette rupture, quand elle est partielle n’est pas toujours reconnue immédiatement et peut entraîner secondairement des déformations, de type maladie de Lapeyronie, justiciable d’un traitement par le PRP.

Cause de la fracture du corps caverneux

Pour comprendre l’origine de la fracture de la verge, il est nécessaire d’en connaître la constitution. La verge est constituée de trois corps cylindriques de tissu érectile appelés « corps caverneux », alimentés en sang venant de vaisseaux sanguins lors d’une érection. Ces corps caverneux sont entourés par l’albuginée, une enveloppe fibreuse résistante et très élastique.

Sa résistance est due à son épaisseur (2 mm lorsque la verge est inerte), mais diminue considérablement (à 0,25 mm environ) quand le pénis est en érection, ce qui fragilise la protection des corps caverneux.

La fracture de verge ne correspond pas à la fracture d’un os, le pénis en étant dépossédé, mais a déchirure de l’albuginée lors d’un rapport sexuel.

Surnommé « Faux pas des coïts impétueux », cette déchirure est provoquée par une courbure excessive de la verge en érection, lorsque celle-ci vient buter contre la symphyse pubienne ou le périnée de la partenaire (généralement en position d’Andromaque ou levrette.

Diagnostic clinique de la rupture de la verge

Pour établir une évaluation de l’intensité des lésions, le diagnostic clinique associe la perception du traumatisme par le patient et le ou la partenaire.

La fracture de la verge se traduit par un craquement sec audible, suivi d’une perte de l’érection (détumescence) immédiate, d’une douleur rapidement complétée par un gonflement ecchymotique (un épanchement sanguin dans les tissus) de la verge et du prépuce, et d’une déviation de la verge du côté opposé à la déchirure.

C’est cet hématome sous-cutané (dont l’envergure varie) qui est à l’origine d’une déformation de la verge et des testicules, rappelant la forme et la couleur d’une aubergine.

La localisation de la rupture albuginéale

La déchirure du ou des corps caverneux peux être détectée grâce à la palpation de l’hématome lors de l’examen. L’urologue recherche aussi de possibles lésions associées comme une hémorragie de l’urètre (urétrorragie), la présence de sang dans les urines (hématurie) ou d’ecchymose périnéale (dans la zone du périnée).

L’exploration chirurgicale est le moyen le plus efficace pour réaliser le bilan lésionnel, et une cavernosographie (détection d’une fuite dans le corps caverneux) n’est pratiquée que dans le cas où la rupture n’est pas retrouvée lors de l’exploration chirurgicale.

Localisation d’une possible lésion de l’urètre

Outre la réparation des corps caverneux, l’urologue vérifie en premier lieu si une rupture de l’urètre est présente. Selon l’importance des lésions, elle peut effectivement entraîner chez l’homme, des saignements, des dysfonctions érectiles et mictionnelles (l’action d’uriner) ou une rétention aiguë d’urine.

Traitement chirurgical immédiat d’une lésion du pénis

Dans la majorité des cas d’une fracture de la verge, le soin prodigué le plus efficace est la chirurgie du pénis en urgence. Si le patient consulte tardivement (jusqu’au septième jour), il est encore possible d’obtenir de bons résultats.

Nécessité d’une prise en charge chirurgicale rapide

Une déchirure des corps caverneux nécessite une prise en charge chirurgicale dans les 24h après l’accident du patient. Le chirurgien urologue doit en effet réaliser une exploration de la déchirure et une réparation chirurgicale en urgence, afin d’éviter des séquelles fonctionnelles.
Dans le cas contraire, l’homme pourrait souffrir d’une incurvation du pénis en érection, d’un problème d’érection, ou encore des difficultés à uriner suite à une lésion de l’urètre.

Le processus chirurgical réparateur

L’anesthésie peut être locale (rachi-anesthésie) ou générale afin de supprimer toute sensation et douleur au pénis. L’urologue incise ensuite la peau sous le gland (« dégantage » circonférentiel) jusqu’à la racine du pénis, afin d’effectuer un bilan lésionnel complet. Cette opération ne laisse qu’une cicatrice esthétique et ne gêne en rien les futurs rapports sexuels.
L’hématome est ainsi évacué au maximum, les vaisseaux sanguins sont hémostasés pour arrêter les saignements, et la ou les déchirure(s) de l’albuginée (et de l’urètre si c’est le cas) est suturée(s) avec un fil résorbable dans la plupart des cas.
Un test d’érection est ensuite réalisé avec un sérum physiologique afin de vérifier l’imperméabilité des sutures réalisées.
L’opération chirurgicale réalisée, commence alors la cicatrisation de l’albuginée. Une période de convalescence de six à huit semaines est nécessaire, pendant lesquelles le patient ne doit pas avoir de rapport sexuel ni d’érection quelconque

Traitement conservateur, indications et risques

Si l’homme atteint d’une fracture de la verge refuse toute opération chirurgicale et si l’IRM confirme une rupture incomplète, un traitement conservateur exceptionnel peut être prescrit. Elle associe des anti-androgènes empêchant les érections, un traitement aux antibiotiques et des antalgiques.

Cependant, les risques de complications par traitement conservateur sont bien plus importants qu’un traitement chirurgical. Le patient risque en effet de développer des déformations de la verge, des dysfonctions érectiles, des douleurs au pénis lors des érections, de possibles abcès, une nécrose voire une gangrène.